Le tétanos est une maladie rare chez le chien. Il est dû à une bactérie appelée Clostridium tetani, et plus particulièrement à une toxine que produit cette bactérie. La présence de bactéries seules ne cause pas de signes cliniques et la maladie se développe lorsque la bactérie, en l’absence d’oxygène, produit des spores qui vont « germer ». C’est donc à la faveur de plaies profondes, qui créent des conditions anaérobies (sans oxygène), qui en créant un environnement propice à ce phénomène, que le tétanos peut apparaitre. Les humains, ainsi que les chevaux sont très sensibles à cette maladie, et les chiens le sont dans une bien moindre mesure. Pour autant, même si elle est rare, cette maladie est grave et nécessite d’être prise en charge rapidement.
Comment et où un chien peut-il se contaminer ?
Comme chez l’homme, c’est donc à la faveur d’une plaie que la contamination est possible. Les plaies profondes, ou plus facilement encore les plaies perforantes, du fait d’une très petite effraction de la peau, favorisent le milieu anaérobie. La contamination se fait à partir d’objets souillés, par exemple avec des débris de terre (on parle de bactérie tellurique), ou de matières fécales animales comme le fumier (la bactérie peut se trouver dans les intestins des animaux de ferme ou des chevaux). La bactérie est particulièrement résistante à la chaleur, à la sècheresse et même aux désinfectants classiques, grâce à une forme de résistance qu’est la spore. Une des sources les plus fréquentes de contamination est donc une exploitation agricole ou un lieu où vivent des chevaux.
Comment se manifeste la maladie ?
La période d’incubation varie de quelques jours à trois semaines après qu’une plaie, parfois quasiment invisible soit survenue. Les signes cliniques, neuromusculaires, peuvent affecter une seule zone du corps, comme par exemple de la rigidité musculaire sur un membre et se caractériser par une démarche raide. Au-delà, par voie nerveuse, la toxine peut atteindre des centres nerveux plus importants et créer des symptômes plus généraux, voire gagner le système nerveux central. Les symptômes sont alors eux aussi généraux, et le plus souvent très caractéristiques.
Parmi les premiers signes, le chien a du mal à cligner de l’œil, et sa troisième paupière apparait de façon continue, donnant un regard particulier. Ensuite apparait un spasme musculaire au niveau de la mâchoire, le « trismus », une difficulté à la déglutition et une salivation intense empêchant la prise d’aliment solide ou liquide. Les spasmes musculaires de la face provoquent un rictus particulier, et chez les chiens à poils courts et oreilles tombantes, on note de façon évidente des plis de peau frontaux, liés à ces spasmes des muscles, avec des oreilles dont le port devient particulièrement caractéristique, en arrière. On parle parfois derisus sardonicus (rire sardonique !), pour caractériser ce faciès. La paralysie atteint également le pharynx, le larynx et les voies respiratoires. Les muscles thoraciques comme le diaphragme atteint, la respiration devient difficile, ce qui peut entrainer la mort par asphyxie.
À ce stade la locomotion est particulièrement difficile, les membres sont raides et droits, le cou est allongé, la tête vers le haut et le chien peut tomber. Le chien devient hyperréactif à tous les stimuli externes (bruits sourds, lumière vive, etc.)
C’est donc une maladie extrêmement grave, et tout symptôme évocateur doit immédiatement motiver une consultation en urgence !
Un traitement est-il possible ?
Le traitement du tétanos est possible, mais il est d’autant plus efficace que la prise en charge est précoce. Les risques sont élevés, le pronostic vital est engagé, et la rémission des symptômes peut prendre plusieurs semaines.
Cette prise en charge consiste à lutter contre la bactérie, en premier lieu en découvrant la « porte d’entrée » et en curant la plaie, et en second lieu en administrant au chien des antibiotiques. Toutefois les antibiotiques éliminent la bactérie, mais la toxine persiste et ses effets également. C’est l’utilisation d’un sérum antitétanique qui permet de la neutraliser en partie. Ensuite la prise en charge vise à limiter les symptômes et leurs effets éventuels. La paralysie spastique peut être levée avec des myorelaxants, et pour limiter l’hypersensibilité (aux bruits, à la lumière, au contact), on peut être amené à utiliser des sédatifs. Dans les cas les plus sérieux, un soutien cardiorespiratoire s’impose, et une alimentation assistée est nécessaire. Il s’agit donc d’un traitement relativement long et lourd.
Quel est le pronostic ?
Le pronostic est variable en fonction de chiens et du degré d’atteinte. Dans les cas d’atteintes localisées, prises en charge de façon précoce, la récupération est souvent complète au bout d’un mois environ. Dans les cas plus sévères (lorsque la locomotion est impossible), seule la moitié des chiens survit, la récupération est très lente, peut prendre des mois, et les séquelles sont fréquentes.
Pourquoi ne pas vacciner mon chien contre le tétanos ?
Un vaccin existe en effet chez les animaux, couramment pratiqué chez les chevaux par exemple. Pour autant il n’est que rarement proposé par les vétérinaires pour les chiens. Ceci est dû en partie à la grande rareté de la maladie chez nos chiens, et également au fait qu’il est plus volontiers utilisé en traitement précoce associé avec le sérum, lorsqu’une plaie profonde a été occasionnée dans un lieu potentiellement souillé. Le vaccin permet de fabriquer des anticorps contre la toxine. Il peut être recommandé de vacciner votre compagnon s’il vit dans un milieu souillé, ou dans des endroits où des cas ont été rencontrés bien évidemment. N’hésitez pas à questionner votre vétérinaire à ce sujet, il vous informera sur le protocole vaccinal adapté.
Quelles mesures préventives ?
Au-delà de la vaccination, c’est surtout la surveillance et la désinfection des plaies profondes qui est importante, pour autant qu’elles soient visibles. Les plaies doivent être abondamment lavées pour évacuer les débris terreux ou les contaminants, et une désinfection locale minutieuse entreprise par exemple avec des ammoniums quaternaires ou des dérivés iodés par exemple, car tous les antiseptiques ne sont pas efficaces contre la bactérie. En cas de plaie perforante, il est nécessaire de débrider la plaie (l’ouvrir), ce qui doit vous conduire impérativement à consulter rapidement votre vétérinaire. Dans tous les cas, au moindre doute, n’hésitez pas à prendre contact avec la clinique.
Bien que le tétanos soit une affection très rare chez le chien, toute plaie souillée doit faire l’objet d’une désinfection rigoureuse. En effet, la maladie demeure grave, la guérison longue et les séquelles peuvent être importantes. Si votre chien a l’habitude de vivre dans un milieu potentiellement souillé par des déjections d’animaux de ferme ou des chevaux, n’hésitez pas à en parler avec votre équipe soignante.